Le vol IFR Vintage


Le ute reservoir depuis le cockpit

Dans cet article je vais aborder la navigation aux instruments comme elle pouvait être pratiquée avant l’avènement des moyens satellites (GPS, FMS).

Etude de document

J’ai trouvé le log de navigation du vol d’essai du Lockheed C69 (La version militaire du L049) effectué le 17 avril 1944 entre Burbank et Washington, soit la traversée d’ouest en est des U.S.A.

Plan de vol C69 Avril 1944
Le plan de vol d’essai du Lockheed C69

Que nous apprend ce document ? Si on regarde attentivement, plusieurs informations sont intéressantes.

La première, c’est que ça ressemble plus à un log de navigation VFR qu’à un plan de vol IFR. On voit que sur chaque ligne un point de repère est mentionné dans la colonne position, à gauche du tableau (souvent des villes, mais pas seulement).

La seconde information, c’est que l’altitude n’était pas aussi stricte que maintenant. Visiblement, il n’y avait pas de prise en compte des niveaux pairs et impairs, et on ne volait pas en niveaux de vols séparés IFR/VFR (ex : FL070 en IFR, FL075 en VFR). On s’occupait surtout de ne pas rencontrer de vents trop défavorables (entre autres choses). On peut voir dans la colonne des remarques à droite qu’on prenait en compte la couverture nuageuse pour déterminer le niveau de vol (d’ailleurs on ne parlait pas encore de niveau de vol mais d’altitude), avec la mention « Low undercast, climbed to 18,500ft between layers », c’est-à-dire « couverture nuageuse basse, montée à 18500ft entre les couches ».

La troisième information, ce sont les moyens de navigation mentionnés en bas du document, « Type of position by number », que l’on pourrait traduire par « moyen de navigation par numéro ». Nous avons dans l’ordre :

  1. Navigation à l’estime
  2. Ligne de position unique
  3. Intersection d’un radial et d’une ligne de position
  4. Point radio
  5. Point céleste
  6. Repère visuel
  7. Radial

Tout ceci est très intéressant pour construire un plan de vol « à l’ancienne ». Voyons comment procéder.

Construction du plan de vol

Avant toute autre chose, je voudrais préciser que je ne prétends pas du tout que cette méthode est la plus juste, mais d’après les documents que j’ai pu voir, elle correspond assez à ce qui pouvait se pratiquer à l’époque.

J’ai construit le plan de vol de la ligne vintage VIN-V008 entre Phœnix (Arizona) et Amarillo (Texas) en me servant de VOR/DME et de repères visuels :

PXR050107 Show Low SJN066 SJN060125 Albuquerque ACH077 ACH067078 Ute Reservoir PHN085

En traduisant en français :

Suivre le radial 050 du VOR/DME PXR sur 107nm jusqu’à Show Low, Suivre le radial 066 du VOR/DME SJN jusqu’à SJN, suivre le radial 060 du VOR/DME SJN sur 125nm jusqu’à Albuquerque, suivre le radial 077 du VOR/DME ACH jusqu’à ACH, Suivre le radial 067 du VOR/DME ACH sur 78nm jusqu’à Ute reservoir, suivre le radial 085 du VOR/DME PHN jusqu’à PHN

Plan de vol PlanG 3
Le plan de vol de la ligne VIN-V008 sur PlanG

J’ai choisi ce type de navigation plutôt que le VOR à VOR car je le trouve plus intéressant, et si on se fie au plan de vol de Burbank à Washington, plus réaliste car il prend en compte des repères connus. On sait où on est (à quelques nm près) même si on n’a pas de visibilité au niveau du sol.

Analyse du tracé sur Google Earth

J’ai effectué le vol avec le Lockheed L049 de A2A. Ce vol a duré trois heures, de l’embarquement au débarquement des passagers, procédures d’allumage et d’arrêt des moteurs comprises.

Si on regarde le tracé dans son ensemble, on voit des lignes assez droites :

Tracé du vol sur Google Earth
Tracé du vol complet sur Google Earth

Il est évident qu’en zoomant sur un point particulier le tracé sera moins rectiligne, ce qui est tout à fait normal. Il faut repositionner l’appareil sur le radial après un virage (ici au-dessus d’Albuquerque) :

Détail du tracé au survol d'Albuquerque
Détail du tracé au survol d’Albuquerque

Mais on voit que la navigation est suffisamment précise pour confirmer la position avec des repères visuels (ici le Ute Reservoir sur Google Earth et la vue de ce repère visuel depuis le cockpit).

Détail du tracé sur Google Earth
Détail du tracé au survol de Ute Reservoir sur Google Earth
Le ute reservoir depuis le cockpit
Le ute reservoir depuis le cockpit du L049 Constellation de A2A

Conclusion

Nous avons vu que construire un plan de vol IFR « à l’ancienne » n’est pas très compliqué, et le suivre en vol non plus. Il suffit de connaitre les règles de base de la navigation aux aiguilles (se diriger sur un VOR ou un NDB, suivre / intercepter un radial de VOR). Si on veut voler en conditions d’époque (années 40 et 50), il apparait nécessaire d’adopter ce type de navigation, ou au moins une navigation de VOR à VOR. Il est de toutes façons tout à fait irréaliste de mentionner des routes modernes lors d’un vol en appareil vintage, les instruments d’alors n’étant pas prévus pour ça.

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